Le 11 juillet 2022
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Discrète, flamboyante ou classique, la couleur tient une place importante dans la décision d’achat d’un véhicule. On dit même qu’elle peut refléter la personnalité de l’acquéreur. La couleur fait partie intégrante de la conception des véhicules PEUGEOT. À l’instar du costume de cinéma qui valorise les acteurs et les actrices, la couleur incarne le positionnement de la marque et met en valeur le design des véhicules.
Rencontre avec Marion Zandomeneghi (Designer Couleurs et Matières chez Peugeot / Experte métier teinte de caisse) et Etienne Jannin (Chef de produit Couleurs et Matières).
Pourquoi créer une nouvelle couleur et comment trouvez-vous l’inspiration ?
Marion Zandomeneghi : La naissance d’une couleur correspond le plus souvent au lancement d’un nouveau véhicule. L’idée est d’associer une teinte à un modèle spécifique. La couleur choisie sera ainsi utilisée pour la communication et le marketing. Chaque étape de la création est le fruit d’un travail collectif entre le Produit, le Design et la Technique. Les équipes sont en veille permanente pour suivre les tendances dans l’automobile mais également dans le design produit, le mobilier, l’architecture, la mode et désormais de plus en plus dans la culture digitale.
Quelles sont les principales étapes de la création d’une couleur ?
Etienne Jannin : Le brief émis explique toutes les intentions en termes de visibilité et d’expressivité pour la marque et le produit. Il s’agit des messages que la couleur doit traduire et la façon dont elle va compléter la gamme des autres teintes.
Marion Zandomeneghi : Au moment du brief, nous n’avons pas encore la silhouette car nous récupérons les premiers sketchs dans un second temps. Notre métier nous oblige à nous projeter avec les volumes.
Le parcours est ponctué de jalons où l’évolution de la couleur est présentée aux différents services concernés. Les options proposées se restreignent alors peu à peu jusqu’au choix final après des tests clients. Vers la fin du process de sélection, la couleur est maquettée sur un modèle à taille réduite, voire à échelle 1 si nécessaire.
Nous procédons en parallèle au travail de recherche avec les peintres. Des essais en cabine sont réalisés pour s’approcher au plus près du rendu recherché. Nous associons alors nos partenaires industriels pour rendre la teinte réalisable à grande échelle car rien ne vaut le réel.
Comment est née la dernière couleur, le Bleu Obsession, pour la Nouvelle 408 ?
Marion Zandomeneghi : La Nouvelle 408 a une silhouette marquante et disruptive : une véritable nouveauté dans la gamme. Le Bleu Obsession innove également : il s’agit d’une teinte dichroïque. Cela signifie que la couleur change en fonction de la lumière. Nous voulions très clairement un bleu dont les ondes diffèrent en fonction des angles.
Dans la prise de lumière, des teintes inattendues surgissent, des reflets de turquoise, de vert. Dans les ombres, on bascule dans les rouges. Ceci fait écho aux teintes qu’on trouve dans la nature, comme les ailes de papillon par exemple. Nous n’avions jamais utilisé une couleur dichroïque sur une voiture de série. En revanche, nous le faisions déjà sur les concept-cars comme PEUGEOT Instinct, dont la teinte a inspiré le Bleu Obsession de la Nouvelle 408. C’est complexe à mettre en œuvre. Il fallait trouver le bon compromis. L’enjeu était de conserver le côté élégant et technique sans aller dans l’exubérance.
Comment trouve-t-on le nom d’une couleur ?
Etienne Jannin : Quand on développe une couleur, on réfléchit à un nom qui doit être évocateur. Idéalement, le nom arrive dès le développement, parfois plus tard via un process de recherche et de validation qui approuve notamment les conformités lexicales et juridiques.
Chez PEUGEOT en effet, nous nous employons à être de plus en plus systémiques dans les appellations. Par exemple, les teintes qui créent un effet surprenant et désirable, avec une forte technicité, iront dans un territoire lié à l’extase et à la surprise : le Rouge Elixir, le Bleu Vertigo ou encore le Bleu Obsession.
Il y a une voiture que nous commençons à voir de plus en plus dans la rue : la Nouvelle 308. Pouvez-vous nous parler du Vert Olivine ?
Marion Zandomeneghi : Nous avions pré-identifié l’émergence d’une tendance majeure sur le vert. Sur cette silhouette, nous avons cherché un vert expressif mais pas trop saturé. Un vert qui supporte le volume élancé d’une Berline comme la Nouvelle 308. Nous avons travaillé en ajoutant des pigments à effet doré dans la couleur. Lorsqu’il y a une prise de lumière, la nuance dorée ressort. « UNIQUE » étant le slogan de lancement de la voiture, nous voulions donc une teinte dans cet esprit et qui accompagne la montée en gamme de la marque. Les tests clients ont été très positifs et nous ont encouragés d'autant plus qu’en général, le vert n’emporte pas aisément l’adhésion aussi bien en interne qu’auprès des clients.
Etienne Jannin : Les ventes de 308 en Vert Olivine représentent autour de 20 % des commandes clients, un pourcentage très important pour un vert sur une voiture. L’objectif est atteint : effectivement, la Nouvelle 308 attire l’attention dans la rue, et séduit par son allure unique.